C'est pas de moi, c'est de Picasso. Il disait qu'enfant, il dessinait comme Raphaël (genre, en toute modestie, mais bon c'est Picasso alors on y croit) et qu'il lui a fallu toute une vie pour apprendre à dessiner comme un enfant.
Le petit enfant exprime tellement de spontanéité, de fraîcheur et de vérité toute simple dans son dessin.
En grandissant, le dessin devient plus élaboré, tout en restant imaginaire, coloré et frais aussi, mais il finit toujours par se compliquer la vie à vouloir ressembler à la réalité.
Et c'est comme ça qu'un beau jour on décrète qu'on dessine comme un pied, qu'une vache espagnole (je dis pas ça pour Pablo hein !) dessinerait mieux que nous et que vraiment, on ne touchera plus un crayon, que c'est bon pour les petits de maternelle ces choses-là. Ensuite, on oublie qu'on sait dessiner, comme on sait marcher, comme tout le monde.
Et voilà, à partir de ce jour, c'est foutu, l'artiste qui vivait dans chaque enfant s'éteint (Arghhh). Une certaine honte et une timidité complexe effacent le talent. Et après, bonjour la galère pour oser retoucher un crayon. Faut tomber sur un enfant qui vous demande de dessiner un mouton, sinon je ne vois pas comment certains arrivent à vaincre cette croyance.
Oui, parce que Picasso a aussi dit "dans chaque enfant il y a un artiste. Le problème est de savoir comment rester un artiste en grandissant". C'est malin ça non, et bien dit aussi. Enfin moi ça me parle beaucoup beaucoup.
C'est en repensant à toutes ces citations glanées depuis des années à droite à gauche dans les ateliers que j'ai fréquentés (et dont je retrouve l'intégralité exacte sur le web, c'est magique), que j'ai envisagé le portrait que je fais de Bout'choux. Je vous explique.
La veille des vacances, il nous a montré ses oeuvres, ses feux d'artifice et ses bonhommes têtards. Moi je dis que c'est de l'art à l'état pur, personne ne me fera changer d'avis. Je les vois bien les dessins des gamins affichés sur les murs de la classe. Ils sont terribles !
Cette toile s'intitule le rêve de Boutc'houx. Je me suis alors demandé pourquoi ne pas faire cohabiter ces deux mondes : le mien, élaboré, réfléchi et celui d'un enfant de trois ans et demi libre et sans autre but que l'amusement, pour illustrer le rêve de mon fils chéri ? La réalité et le rêve. J'ai aussi collé des paillettes. J'ai longuement réfléchi pour les gommettes mais j'ai pensé que ça ferait too much. Je me suis arrêtée là.
Pour le nombre de fois où j'ai entendu dire dans une expo "Ha ben ça, un gamin de trois ans pourrait le faire ! Quel scandale !", pour une fois, c'est vrai ! J'ai copié les dessins de mon fils de trois et demi et je peux vous dire qu'il dessine mieux que moi les bonhommes têtards... C'est dur de ne plus savoir dessiner un bonhomme sans cou.
Faudra que j'y revienne à ces bonhommes têtards, par lesquels tout commence, ils me plaisent drôlement.
Bibiz à tous les Picasso en culotte courte.