Comme je vous l'ai indiqué, je me suis rendue à Giverny pour visiter les jardins et la maison de M. Claude Monet.
Cette sortie, je la dois à fiston et à son école, dont le thème de l'année était les Beaux-Arts (autant dire que j'étais ravie). Je m'y étais préparée, lisant la biographie de Monet, reprenant
les tableaux les plus connus, afin de pouvoir répondre à toutes les questions de ces enfants avides de culture. Bon, OK, j'en rajoute. C'est surtout pour moi que je m'étais documentée, histoire
de savoir ce que j'allais voir. Je voulais être imprégnée des tableaux pour pouvoir les retrouver sur le site : les nymphéas, les allées de fleurs, les enfants dans le jardin, les membres de la
famille Monet lisant sur des bancs... Ma tête était déjà pleine de touches de lumière et d'images.
J'étais prête. Je croisais les doigts pour qu'il fasse beau, afin de pouvoir pleinement apprécier le spectacle du jardin, de ses couleurs et des reflets du ciel dans le bassin des nymphéas. Ah
ça, question soleil et chaleur j'ai été servie ! Record battu ! Canicule absolue, les nymphéas n'avaient jamais vu ça.
Bon, il y a sans doute beaucoup de choses qui avaient été épargnées aux nymphéas jusqu'à ce jour... Une sortie scolaire c'est quelque chose, surtout lorsque le site choisi est d'ordinaire réputé
pour son calme et sa tranquillité, un temple en respect du maître impressionniste qui y vécut jadis. Le contraste peut donc dérouter lorsqu'il y déboule 120 gamins surchauffés par un soleil de
plomb.
Soudain, partout, c'est des enfants qui meurent de soif et de chaud, qui veulent faire pipi cinq minutes après la pause pipi (mais madame j'avais pas envie tout à l'heure !), qui jettent leur
bouteille vide au milieu des nymphéas (Monet pardonne leur, ils sont si jeunes), qui se font piquer par les guêpes qu'ils ont énervées. Bref des enfants qui arrivent un peu comme des chiens dans
un jeu de quilles, les touristes japonais et américains faisant office de quilles. Le mythe du Giverny idyllique éclate brusquement en morceaux (ah oui, avis aux touristes américains qui ont vu
"Minuit à Paris", Giverny n'est pas à 30 minutes de Paris...).
Pour ma part, les enfants dont j'avais la garde ont été supers mignons (bon normal, fiston faisait partie de la bande). A ma grande surprise, ils se sont plus intéressés aux panneaux écrits en
anglais "Please, do not touch" qu'aux toiles visibles dans la maison... Je n'aurais jamais pensé les voir si passionnés par ces détails. A leur décharge, les toiles exposées dans la maison de
Monet sont des copies, les originaux sont au Musée d'Orsay et au Musée Marmottan.
Il y a des originaux, mais pas signés Monet : on peut voir les toiles de sa belle-fille Blanche Hoschedé, entre autres, qui ressemblent drôlement à celles du beau-père. On n'échappe pas à une
telle influence c'est clair.
Enfin, ça donne quand même une assez bonne idée de ce que ça pouvait être. Les reproductions de clichés de Monet montrant ses toiles aux visiteurs aident aussi à la reconstitution. J'ai beaucoup
aimé, vous vous en doutez. Pénétrer cette maison, respirer cet air "magique", voir ce qu'il voyait, ça m'a fait tout drôle quand même. Tout à coup, ça devient concret, les toiles ont une
histoire, elles sont nées ici. On perçoit son regard, on vit dans ses tableaux et ça leur donne beaucoup plus de profondeur.
Les enfants ont été surpris de voir que M. et Mme Monet faisaient chambre à part, de voir qu'ils n'avaient pas l'eau courante dans leurs salles de bain et que M. Monet tout grand peintre qu'il
fut, ramassait lui-même ses oeufs frais dans son poulailler, posant sa canne ici et son chapeau là (bon, ça c'est la petite histoire que je leur ai inventée pour les faire rester cinq minutes de
plus dans la pièce, me laissant le temps de mieux voir les lieux).
Ils ont beaucoup aimé le pont chinois japonais des nymphéas et ils ont fait le lien avec le Japon en voyant les estampes dont la maison est
remplie. Forcément, le Japon, ils en ont tous beaucoup entendu parlé ces derniers temps...
Ils sont restés un moment devant les animaux de la ferme (minuscule) et ils ont regardé les fleurs, oui, même les garçons. Fiston en a pris quelques une en photo pour moi "pour que je puisse les
peindre" (je vous dis pas comme j'étais trop émue). Les nymphéas et les ponts leur ont vraiment beaucoup plu. Et à moi aussi.
Je n'ai pas su leur répondre lorsqu'ils m'ont demandé si Monet aimait pêcher ! Mince, la colle ! C'était bien la peine d'avoir relu toute l'histoire de l'art pour sécher bêtement sur une question
aussi simple ! J'ai répondu qu'il aimait mieux peindre et jardiner. Il possédait d'ailleurs une belle collection de manuels de botanique qu'on peut voir dans l'une des premières vitrines de la
maison. Les enfants étaient déçus de ne pas avoir vu de potager, et ils ont passé un bon moment à se demander comment faisait Monet pour se nourrir (les oeufs de poules mis à part). ça a fait
l'objet d'un grand débat. Et oui, on ne vit pas que de fleurs et de peinture fraîche tout de même. Ils sont très pragmatiques.
On a pris le temps de voir le jardin en marchant le plus à l'ombre possible et la fraîcheur du jardin aquatique nous a fait du bien. On a fini la visite par un arrêt au point d'eau où tout le
monde s'est copieusement arrosé.
Pour ma part, j'ai été enchantée par cette sortie. J'ai eu un pincement au coeur lorsqu'il a fallu partir. Je serais bien restée plus longtemps à l'ombre des grands arbres, les yeux plongés dans
les reflets du ciel des nymphéas, m'imaginant capable de les peindre aussi bien que lui à force de les regarder. C'est sans doute ça la magie de Giverny...
En passant devant le musée des impressionnistes, j'ai vu que l'expo sur Bonnard va finir le 3 juillet. Si vous avez la chance d'aller à Giverny d'ici là, faites-y un tour, à mon avis, ça doit
vraiment valoir le coup.
Je vous laisse ICI le lien pour aller sur le site web de la fondation Monet, bourré d'infos pratiques, de photos, de vidéos et même de recettes de
cuisine !
Bibiz à toutes les sorties culturelles de fin d'année.