Artémisia, la peinture en puissance

J’ai eu l’immense plaisir de pouvoir visiter l’exposition du Musée Maillol consacrée à cette artiste italienne du XVIIeme siècle, Artémisia Lomi Gentileschi.

Moi je dis que l’année 2012 sera l’année des femmes peintres. Deux expositions consacrées à deux femmes peintres d’importances : Artémisia Lomi Gentileschi et Berthe Morisot. On est vraiment gâté. Sans parler d’une mini présentation, toujours au musée Maillol, de quelques toiles de Séraphine de Senlis. Où sont les femmes ? demandait le chanteur. Et bien les voilà, elles arrivent enfin dans nos musées.

La peinture de l’italienne Artémisia, c’est une vraie découverte et c’est tellement agréable d’admirer des toiles qu’on ne connait pas déjà par cœur.

Artémisia Gentileschi, c’est la puissance au féminin, la peinture en puissance. Ce sont des thèmes de femmes fortes, solides dans leur vertu, leur courage et leur moral malgré les épreuves, les dangers et les humiliations. Ce sont des figures majestueuses, imposantes. Pour soutenir la force de ses personnages, Artémisia les entoure de drapés aux plis sculptés. Leurs points d’appui sont ancrés dans le sol, elles sont inébranlables. Artémisia utilise aussi des couleurs lumineuses qui soulignent l’éclat du personnage et renforcent leur tempérament. Des rouges, des bleus et des jaunes surtout, ce fameux jaune d’or qui la rendra célèbre et qui restera une couleur à part entière.

Les thèmes de sa peinture sont certes parfois violents, comme la série des décapitations d’Holopherne par Judith ou le suicide de Cléopâtre. Ou encore le tableau Yaël et Sisra dans lequel une héroïne biblique s’apprête à planter un clou dans la tête d’un homme étendu à terre.

Mais Artémisia sait peindre aussi la douceur, comme ici cette vierge à l’enfant où ce dernier dans un geste de grande affection caresse la joue de sa mère. Admirez les pieds de l'enfant, moi ils m'ont complètement fait craquer !

 

Tantôt Artémisia peint comme du Caravage : des tissus flamboyant, des plans serrés sur les personnages, une couleur de peau lumineuse, rose et fraîche. Tantôt, elle peint comme au Moyen-âge, les personnages sont blancs cadavériques, les clairs obscurs sont profonds. Ce n’est pas pour rien qu’on l’appelait la peintre caméléon car elle savait peindre dans plusieurs styles différents.

Je ne dirais pas qu’Artémisia peignait comme un homme, car ce serait admettre qu’il y a une peinture féminine et une peinture masculine, ce qui me semble tout à fait inexact. En revanche, on peut dire qu’elle peignait comme un homme de son époque car elle en vivait et peignait librement. Certes, elle en a payé un prix assez lourd, mais elle vécut en assumant publiquement sa peinture et en choisissant en toute liberté les thèmes, les formats et l’approche de sa peinture. Son talent était reconnu dans l’Europe entière et son art était très recherché. Malgré une vie douloureuse, ponctuée de drames personnels, de procès, de torture et de calomnies, le talent de la peintre Artémisia a toujours été reconnu et apprécié par les cours et les grands de l’époque. Elle était à égal des autres artistes masculins, ayant ouvert un atelier et enseigné à des élèves. C’était suffisamment rare à cette époque pour pouvoir être considéré comme quelque chose d’exceptionnel.

Merci de nous faire découvrir de telles artistes !

Bibiz à toutes les femmes fortes.