Voilà un petit moment de plaisir dans une journée bien remplie. A l'heure du déjeuner, le parc Monceau offre ses bancs, ses arbres, en été ses pelouses et en hiver son petit musée Cernuschi.
J'ai donc enfin pu prendre le temps, une heure environ (dans une journée sportive je vous jure que c'est énorme !), pour aller visiter cette exposition sur les artistes chinois à Paris dont j'avais repéré l'affiche avec cette fillette si craquante. L'avantage de ce musée, c'est qu'il est petit, confidentiel et donc sans file d'attente. Le temps d'une pause, on voyage en Asie mais aussi dans le Paris des années 1930.
Dans les allées du parc, on peut déjà admirer des sculptures modernes d'artistes de l'Extrême-Orient qui ont été conçues spécialement pour cet événement.
J'ai beaucoup aimé l'oeuvre "le crâne de la terre" de Shen Yuan. Cette énorme sphère qui cache dans ses cratères des immeubles miniatures est vraiment fascinante. C'est minéral. De loin on dirait un tas d'ossement. Et de près, c'est de la science fiction. Très chouette.
Une fois dans le musée, la visite est bien agréable.
Ces dessins traditionnels chinois à l'encre de Chine sur rouleau de papier de riz démontrent une façon très épurée de dessiner. C'est à la fois instinctif et percutant comme trait. La finesse est extraordinaire, comme cet autoportrait où l'artiste s'est représenté en minuscule, très fin, aux pieds de deux arbres aux troncs tordus. La disproportion est troublante.
Enfin, j'ai découvert avec plaisir que parmi les artistes chinois venus à Paris, il y avait aussi des femmes ! Eh oui ! Les oeuvres de Fan Tchunpi et Pan Yuliang, qui étaient des femmes donc, m'ont beaucoup plu. Ici la joueuse de flûte et les toits de Paris de Fan Tchunpi, et le portrait de la fillette par Chang Shuhong (qui était le père du modèle).
Et on voit qu'à part les thèmes ou la signature, la peinture chinoise influencée par l'école de Paris ressemble à la peinture occidentale. A cette époque, ces artistes venus de loin ont fréquenté l'atelier de la Grande Chaumière dans le quartier Montparnasse avec la volonté d'intégrer à leur art traditionnel les enseignements de la peinture européenne et française.
Plus loin, on peut admirer des croquis pris sur le vif de ces séances de modèle vivant, ainsi que des huiles. Ici, un nu de Pan Yuliang dont la vie assez originale a d'ailleurs été portée à l'écran.
Et pour finir, l'exposition se termine avec quelques toiles du grand Zao Wou-ki, qui ne fut pas n'importe qui et dont la peinture transporte l'âme et l'esprit. Déjà très jeune, il avait une sensibilité et un sens de l'harmonie qui impressionne.
Bref, c'était un bon moment de découverte cette petite visite.
Bibiz à tous les rouleaux de printemps.