Mon ticket en poche. MariChéri à mes côtés. Le Gaumont Opéra en vue. Je trépigne. La séance va bientôt commencer ! Vite ! On court jusqu’au cinéma. On s’installe enfin. Noir. Les premières notes. Les premières lumières. Délicieux. L’arrivée de Dédé. La première pose face au grand peintre. Puis la vieillesse et son implacable douleur. Celle qui ruine le corps et souvent affecte la volonté. Mais pas celle de Renoir. Non. Malgré la douleur, malgré les difficultés, il ne renonce pas et poursuit son œuvre. Il y trouve refuge. Sa créativité le maintient. Il peint quinze toiles par jour et ne s’arrête que pour souffrir.
Autour de lui, des femmes. De belles femmes qui resplendissent dans la lumière chaude du sud de la France. Des chevelures rousses, brunes, blondes. Des fesses, des seins. Des chairs illuminées d’un soleil doré. Des bébés. Des fruits. Des ciels et du vent. La nature en herbe. Les cigales et les chants d’insectes. La fraicheur d’une rivière.
Revient à lui enfin, le deuxième de ses trois fils. Blessé. Mais jeune et homme. Et vite séduit par la rousse. Ils rêvent à deux de cinéma et de gloire.
L’histoire est tirée du livre que j’ai lu récemment, « le tableau amoureux » écrit par Jacques Renoir l’arrière petit-fils du peintre.
Le contrat est rempli : chaque acteur s’est emparé de son personnage avec talent. Pas de fausse note, pas d’inégalité. Tous sont impeccables.
La musique est superbe. Alexandre Desplat bien sûr, que les fans d’Harry Potter et Twilight connaissent bien. Ici, tout en douceur et poésie.
« Renoir » a tout pour plaire.
A mes yeux, la plus grande réussite de ce film c’est la lumière. C’est la couleur. La photographie. Bien sûr que cela ne suffirait pas. Mais filmer un peintre entraîne pour l’œil une déformation artistique. Ce n’est pas un film impressionniste, mais chaque tache de lumière vibre différemment, parce qu’on est chez Renoir. Chaque plan dans l’atelier évoque d’autres plans, d’autres portraits. Ceux-là même peints par le maître. On ne peut pas plonger dans la peinture de Renoir en y restant insensible.
Ça commence par cette séance de peinture en pleine nature. Une Eve face à son créateur. Eux deux seuls, et la nature vibrante et foisonnante. Première larme. Puis, un pinceau qui dilue sa couleur dans un pot de white. Deuxième larme. Une belle actrice pieds nus, de rouge vêtue, marchant sur les galets d’un ruisseau, à l’abri d’une ombrelle. Bon sang que c’est beau ce rouge et ce vert ensemble. Encore une larme. Puis les adieux d’un père à son fils. Mouchoir please.
Alors oui, c’est cette alliance qui en fait un beau film.
Il m’a plu, mais j’étais un public facile. Conquis d’avance. Espérant beaucoup. Et n’ayant pas été déçue.
Bibiz à M. Gilles Bourdos