Simply Red

Dans de nombreux musées parisiens, le jeudi soir, c'est nocturne. Et comme je suis toute enivrée de mes bonnes résolutions pour 2011, j'ai le booster à fond les manettes. Je m'y vois déjà, vadrouillant tous les jeudis soirs, la jambe guillerette, pour aller zieuter tous les chefs d'oeuvre qui pullulent dans cette grande ville de lumière.

Miam miam.

Donc, pour commencer ces festivités, j'ai ciblé le Musée Henner, avenue de Villiers. Non seulement c'est localement, le plus proche de ma vie de tous les jours et en plus, ce qui n'enlève rien au plaisir, c'est le plus agréable qu'il soit : moins de 400.000 visiteurs par mois, zéro minute d'attente pour acheter un billet, pas la peine d'implorer Ebay pour obtenir un sésame et puis, il est tout beau, tout frais, repeint et restauré depuis peu.

La première fois que j'ai pu voir les toiles de Monsieur Henner, c'était au Musée de la vie romantique, dans le 9ème, et vraiment, le lieu était idéal pour découvrir ce peintre. Ses tableaux, à l'atmosphère sombre et douloureuse, sont toujours traversés de corps lumineux, chargé d'espoir et d'élévation. C'est donc à la fois torturé et doux. Comme l'élan romantique qui assaille les coeurs transportés d'amour. C'est beau ce que j'écris. Qui a dit "quelle mytho" ?.

Et donc maintenant, son propre musée est refait à neuf. Et c'est bien. Et ce soir, je l'ai eu pour moi toute seule. ça fait une drôle d'impression, d'autant plus que le musée est installé dans la maison de l'artiste. Bref, on se sent comme chez soi. Le dernier étage dispose d'une verrière magnifique qui inonde de lumière la salle de l'atelier. Bon sauf que moi lorsque j'y étais, il faisait nuit noire, genre avec de la pluie qui dégouline sur la verrière mais bon... je n'ai aucune peine à l'imaginer avec le soleil.

Donc, revenons à nos moutons : Jean-Jacques Henner, alsacien, peintre académique, élevé aux grains des beaux-arts, fait une belle carrière, dans le même temps que Cabanel de Figuerolles. A la différence de celui-ci, dont la touche plus lisse tu meurs, il ne cherche pas à séduire à tout prix le public, ni à incarner la peinture classique qui s'éteint. Il reste à part dans la peinture française car il ne s'inscrit dans aucun mouvement précis.

 

Henner peint avec des aplats de rouge brut qui réveillent la toile comme un flash. C'est diablement beau.

Ses femmes, de belles rousses à la peau de lait, sont évanescentes, comme si leur corps de brouillard se fondait dans la nature qui les entoure. Il a une touche qui me fait penser à l'effet "sfumato" qui caractérise Léonard de Vinci. Et puis c'est un peintre engagé, qui exprime les rancoeurs des français avec sa toile "L'Alsace, elle attend", en réaction à l'annexion de cette région par l'empire allemand.

Sa palette est très sombre, avec des teintes classiques : bleu, rouge et noir. Les corps sont blancs, comme cadavériques, illuminés.

 

Je suis fascinée par ses rouges, la chevelure des femmes qu'il peint, souvent rousse, et aussi les bleus qu'il utilise en contraste, avec de grands coups de pinceaux dans l'arrière plan.

Beaucoup de rousses donc.

Tout doit aller ensemble, car j'ai maté "Bandits" l'autre jour on the TV, et à voir Cate Blanchett en rousse pétard, ben ça m'a donné envie d'allumer le feu dans mes cheveux. Mais la nuit qui porte conseil m'a dit "non non bêtasse, touche pas à ta couleur naturelle". Adieux crinière de feu donc. 

Et en plus, cadeau bonux, sur présentation de mon billet Henner, je vais pouvoir visiter le musée Gustave Moreau à prix réduit. La classe !

Allez, pour jeudi prochain, je nourris l'espoir fou de voir les graffes de Basquiat. Ouais ! Et même que j'envisage d'acheter un billet coupe-file ! ça vous en bouche un coin ça non ? Hahaha (rire démoniaque) ! Chui trop forte.

Bibiz à Mick Hucknall, que j'écoute en boucle rousse bien sûr.