Après "Renoir", le cinéma nous offre un nouveau film sur l'art, la création, la fin de vie d'un artiste et son modèle. Filmé en N&B, librement inspiré de la vie de l'artiste Aristide Maillol et de son dernier modèle Dina Vierny, ce film est un petit bijoux.
Intimiste, sans chichi, sans musique, prenant tout le temps nécessaire à filmer l'introspection du sculpteur, sobre, efficace, on plonge dans ses doutes, ses hésitations et le processus de tâtonnement de la création. On admire les débuts de cette jeune modèle arrivée là sans l'avoir voulu, ses craintes et les liens qui se tissent entre eux. L'atelier de cet artiste est superbe. Chaque plan est somptueux.
Ce film n'a aucun des quelques défauts de "Renoir" : pas de maladie, pas de vieillard handicapé, pas de souffrance, pas d'histoire d'amour explosive, pas d'interférence. Ce film reste entièrement concentré sur son sujet, l'artiste, son modèle et les affres de la création. Le titre ne trompe personne. Séance de pose, travail de sculpteur, peinture au grand air, esquisse au fusain, exigence et insatisfaction d'artiste. On retrouve toutefois l'idée que les artistes se prennent un peu pour Dieu.
Les trois acteurs sont sublimes, l'artiste et son modèle et la femme de l'artiste.
Et cet artiste, interprété par Jean Rochefort, est touchant. Il campe à merveille ce vieux sculpteur, qui peint et dessine tout aussi bien, assailli par des complexes de débutant et des angoisses de vieux bonhomme. Face à Rembrandt, il s'incline (cette scène est absolument magnifique). Face à son oeuvre, il ne sait plus où aller, cassant d'un acte manqué ses ébauches : ce n'est que du travail, seul l'art compte. Il se cherche et emporte avec lui dans son désespoir cette jeune fille fraîche et délicieuse qui fait tout son possible pour l'aider dans son travail, malgré les crampes et l'ennui des journées de pose. Elle y parvient, non sans crise de colère et coup de sang. Mais aussi crise de rire et acte de courage.
ça me parle beaucoup à moi tout ça. J'en ai savouré chaque minute et c'était exquis.
Bibiz à la Méditerranée (la sculpture hein bien sûr).