Un dimanche sous la pluie, n'est pas un dimanche perdu, surtout lorsqu'on le passe plongée dans les oeuvres de M. Zao Wou-ki, maître du zen. Méditation et Fabrice Tonnelier. Lotus et feng shui. Pluie d'automne sur feuilles d'or, encre de Chine et papier de soie. Arbre rouge et ciel anthracite.
Longue est la route vers la pente de la connaissance mais satisfaite est l'arrivée au pays des ombres et lumières (j'ai dû un peu trop abuser du thé vert parfumé à la pêche de printemps moi). J'avais aussi envie de sortir mes pigments du Maroc. Bien m'en a pris, oh oui, bien m'en a pris. Qu'ils sont jolis dans leur petit pot de verre. Je vous présente donc Indigo, Pourpre (le vert) et Indigo bis (le violet) au pouvoir bleu moins fort que son grand frère.
La révélation vint à moi lorsque je compris que pigments marocains et huile ne sont pas aussi éclatants que pigments et eau. Assistée de mon jeune padawan (Fiston), j'ai écrasé les pigments et barbouillé comme il se doit. Mais sans luminosité. Pour que la couleur se libère, il faut écraser le pigment sur la toile : avec le pinceau ça ne marche pas hein ! Il faut de l'huile de coude et ne pas être trop regardant question saleté et trace de doigt laissée un peu partout. L'indigo est tenace. Mais il est beau. On n'a rien sans rien.
Il aura fallu une maladresse de Fiston, qui passa ses mains dégoulinant d'eau au-dessus de mon oeuvre, pour que la lumière fut ! Des gouttes glissèrent de ses jeunes doigts d'enfant. Ce faisant, l'éclaircie tant attendue arriva enfin dans ce ciel chargé.
Ah joie et apothéose ! Mon ciel s'illumine.
Utilisant une technique qui a déjà fait ses preuves, j'ai glissé dans ma composition abstraite un carrelet en contre jour. Yes ! La voie de la plénitude est droit devant moi maintenant.
Bâtons d'huile et pigments se marient bien aussi question matière. Mais le pigment prisonnier de cette union ne libérera plus sa couleur. Matière ou couleur, il faut donc choisir.
Je laisse sécher huile, eau, pigments et colle. Les ondées sont passées. C'est lundi et il fait beau à Paris. A dimanche prochain pour la suite de cette méditation.
Bibiz à tous les senseïs.