Arman, les nouveaux réalistes et la bille

Si vous avez de jeunes enfants, qu'il fait pas beau le week-end (c'est la pleine saison du mauvais temps, ça tombe à pic), qu'ils aiment bien les arts, la peinture et que vous aussi vous kiffez la création artistique, alors je vous recommande l'exposition Arman au Centre Beaubourg. C'est tout simplement génial, tant pour les enfants que pour les adultes.

 

Je ne vous décris pas la tête de mes deux loulous lorsqu'ils ont compris qu'on pouvait quand même être un artiste en cassant des trucs et en fouillant dans les poubelles. Genre, tout à coup, ils ont eu comme une révélation : "Mais alors maman, dis, l'autre jour quand on a cassé la lampe et qu'on s'est fait gronder, en fait vous aviez tout faux ! C'est parce que c'était de l'art !". Hé bé oui, dis donc, j'y avais pas pensé à celle-ci... Là, ils m'ont eue.

J'ai compris le danger lorsqu'ils ont réalisé qu'on pouvait peindre avec les colliers de maman, découper les sculptures de papa, exploser la télé, faire gicler la peinture sur les murs, tronçonner le violon de leur grand-mère, décortiquer un piano et écraser la trompette du papsy. Je vous le dis, vous tous, planquez vos objets précieux, on a deux nouveaux réalistes dans la famille. Vous voilà prévenus !

Pour vous parler de l'expo en elle-même, elle est très bien faite, chronologique, avec des vidéos, les peintures du début, puis les accumulations, les colères, les coupes, le retour à la peinture avec les hommages à Pollock et Van Gogh, puis les combustions. On comprend bien les passages de l'un à l'autre, les évolutions de l'artiste et la motivation qui l'anime. Son amour des objets, sa curiosité pour ce qui se passe à l'intérieur. Avec en même temps, son côté engagé qu'il exprime à travers les accumulations. Le lien avec Klein et les autres artistes de cette génération est également expliqué : le plein et le vide, les deux artistes se parlaient à travers leurs propres expositions. Tout ça nous a beaucoup plu.

Heureusement pour nous, et la paix des familles, l'Atelier des enfants proposait des activités dans la continuité de l'exposition Arman : des accumulations de toutes les couleurs à constituer avec des objets fluos très ludiques, un tri des déchets avec un tapis de décharge, des photos d'objets perso à faire soi-même (mon sac à main est dissimulé dans cette image, saurez-vous le reconnaître ?), des coupes de vases, des tampons encreurs déchaînés. Bref, une soupape de sécurité pour tous les foyers, histoire de cadrer les élans artistiques de nos chers bambins inspirés par Arman avec de fausses bonnes idées à ne pas mettre entre toutes les mains. Merci le Centre Pompidou.

 

Il n'empêche qu'en rentrant de Beaubourg, l'une des premières choses que j'ai faite, a été de faire l'expérience de la peinture à la bille en la plongeant dans la peinture et en la faisant rouler sur une feuille de Canson. Ben je dois dire que ça m'a bluffé. Hyper simple, faut juste maîtriser la petite qui a tendance à partir dans tous les sens, genre boule de flipper. Dans les vidéos projetées, on voit qu'Arman en utilisait plusieurs. Une seule m'a suffi pour le moment, c'est surtout pour le mobilier que je dis ça... rapport à la loi de la gravité.

Intrigué par cet exercice, Fiston a voulu en faire de même. Allons-y ! Plus on est de fous... plus c'est l'éclate totale. On n'a jamais autant ri en peignant. Voilà le résultat. Je ne vous dis pas qui à fait quoi. A vous de deviner !

Nous avons fait tomber la bille une bonne vingtaine de fois sur le parquet, provoquant les cris horrifiés de chéri-mari, mais l'art vaut bien quelques sacrifices. Enfin, oui mais pas trop quand même car lorsque Fiston s'est exclamé "Oui mais c'est nul ton truc, c'est toujours de la peinture ! Il faudrait qu'on fasse des formes avec les objet nous aussi ! ".  Alors là j'ai dit stop. C'est à cet instant que je me suis félicitée d'être passée au pas de course devant la salle des combustion ! Ouf ! On l'a échappé belle dis-donc.

Bon, donc je rectifie, si vous avez de jeunes enfants, du mobilier IKEA sans valeur, que vous n'avez aucun violoncelle planqué sous votre lit, que vous n'avez ni solex, ni trop de poubelles chez vous, et ben alors c'est bon, courrez au Centre Pompidou voir l'expo Arman. Pour les autres, ben dites-vous qu'on est toujours trop matérialiste...

Bibiz à toutes les boîtes d'allumettes.